07/05/2019 Paul

Faut-il être formé pour être Bon Samaritain ?

Le Bon Samaritain est un service de mobilisation de volontaires en cas d’arrêt cardiaque lancé en région parisienne dès 2016 en partenariat avec la Brigade de Sapeurs-Pompiers de Paris. Il est désormais utilisé quotidiennement par les Pompiers et les SAMU dans plus de 30 départements. Il compte 50.000 volontaires, tous formés ou sensibilisés aux gestes qui sauvent. Près de 2.000 interventions ont permis de sauver de nombreuses victimes d’arrêt cardiaque.

Depuis son lancement, une véritable prise de conscience a eu lieu et les services de mobilisation de volontaires formés ou non aux gestes de premiers secours, se sont multipliés. Preuve du bien-fondé de la démarche. Toutefois une différence majeure réside dans le recrutement des volontaires. Alors que la plupart des acteurs font appel uniquement à des citoyens formés ou sensibilisés aux gestes de premiers secours, certains ont ouvert le recrutement aux personnes non formées.

Le développement de ces services a amené l’Assemblée Nationale à adopter en première lecture, en février 2019, une proposition de Loi présentée par Jean-Charles Colas-Roy et Hugues Renson.  Cette proposition introduit dans son article 1, la notion de Citoyen-Sauveteur :

Toute personne qui porte assistance, de façon volontaire et bénévole, à une personne manifestement en situation d’urgence vitale, notamment en situation de détresse cardio-respiratoire, est un citoyen sauveteur.

Le citoyen sauveteur pratique, jusqu’à l’arrivée des professionnels des secours, les gestes de premiers secours qu’il convient d’effectuer, incluant, le cas échéant, le massage cardiaque et l’utilisation d’un défibrillateur automatisé externe.

Si tout le monde s’accorde sur le fait qu’il vaut mieux « mal faire » que ne « rien faire » face à une victime, envoyer une personne sans aucune formation auprès d’une personne en arrêt cardiaque n’est pas anodin. Cela peut poser des problèmes de responsabilité pour les secours qui envoient ces volontaires non formés, des questions quant à l’efficacité des gestes réalisés et enfin des risques psychologiques pour les volontaires non préparés à une telle situation. Pour ces différentes raisons, le Bon Samaritain a choisi jusqu’à présent de ne recruter que des volontaires formés pouvant justifier d’une compétence.

Le DAE, un élément clé de la chaine de survie

Comme le démontrent de nombreuses publications scientifiques, l’utilisation précoce d’un DAE par les témoins est le facteur déterminant du pronostic en cas d’arrêt cardiaque. Outre la mobilisation de Citoyens-Sauveteurs, la capacité à localiser rapidement un DAE en cas d’urgence est donc un élément clé de la chaine de survie.

C’est face à ce constat qu’avec Isabelle Weill, Présidente de l’Association RMC/BFM, AEDMAP a développé, dès 2010, l’application Staying Alive Disponible en 18 langues, elle cartographie les DAE dans le monde. En France, elle est la 1ère base de données avec plus de 75.000 DAE recensés et 1,2 million de téléchargements.

Staying Alive App

 

S’appuyant sur cette base de données unique et sur l’expertise acquise depuis 2016, le Bon Samaritain a décidé d’élargir le recrutement aux volontaires non formés. De nouveaux algorithmes permettent d’optimiser la réponse en cas d’arrêt cardiaque : les bons samaritains sont dispatchés en fonction de leur compétence et de leur localisation. Ils sont envoyés soit directement vers la victime, soit vers un DAE proche. Les volontaires non formés sont donc exclusivement envoyés vers des DAE.

 

Schéma de fonctionnement du Bon Samaritain

 

Toute personne, même non formée peut donc aider à sauver une victime d’arrêt cardiaque, ne serait-ce qu’en apportant un défibrillateur. Rappelons que le Président de la République a souhaité que 80% de la population soit formée aux gestes qui sauvent avant la fin de son quinquennat. Devenir Citoyen-Sauveteur est un premier pas…