Voici le témoignage de Marco, 38 ans, ambulancier dans les Alpes de Haute Provence.
« Après une reconversion professionnelle, je suis devenu ambulancier diplômé d’état, métier que j’exerce depuis 6 ans.
J’ai comme trait de caractère de ne pas rester passif devant une personne en détresse, prendre soin de mon prochain fait partie de l’éducation que j’ai reçu de mes parents (don du sang, organes, moelle osseuse).
C’est pour cela que, comme beaucoup de mes collègues de travail, j’ai un deuxième emploi dans le volontariat : je suis réserviste opérationnel dans la gendarmerie nationale depuis 15 ans.
Lors de la formation d’ambulancier, nous avons été formés aux gestes de secours d’urgence.
La prise en charge de malades présentant des détresses vitales est notre quotidien pour toutes les missions SAMU. Au même titre que les pompiers, nous aussi, nous intervenons en cas de détresse vitale.
Nous travaillons au quotidien avec les infirmières, les médecins, les kinésithérapeutes, que ce soit dans les services hospitaliers comme aux urgences ou encore en SMUR (Service Mobile d’Urgence et de Réanimation).
C’est à ce moment que j’ai appris l’existence de l’application et c’est tout naturellement que je l’ai installé sur mon téléphone.
Une des particularités de mon métier, c’est que je suis tout le temps sur les routes. J’ai acquis lors de ma formation des compétences en secours, que j’entretiens régulièrement dans l’entreprise où je travaille.
Ces compétences, je les ai 24h/24 – 7j/7 en moi, elles font partie de moi. C’est dans cette vision que j’ai tout simplement voulu mettre à disposition mes compétences pour les personnes en détresse, l’arrêt cardiaque dans ce cas.
Voici mon déclenchement Staying Alive:
Nous sommes le 12/08/2021 en fin d’après-midi à Sisteron (04), je travaille avec une ambulance. Une journée comme les autres, rythmée entre les consultations, sorties de patients des hôpitaux, mission à la demande du SAMU (Centre 15).
Ma mission : ramener un patient à son domicile à la suite d’une hospitalisation. En entrant dans le poste de conduite de mon ambulance, j’entends une sonnerie que je n’avais pas l’habitude d’entendre.
Je lis le message « alerte arrêt cardiaque » j’ai pris 2 secondes pour réaliser ce qu’il m’arrivait.
Je vois qu’il y a une alerte et qu’une personne a besoin de moi rapidement à 300 m de ma position. Je valide le message sur l’application.
J’explique alors à mon binôme l’alerte que j’ai reçu et que l’on va au domicile d’une personne qui est en ACR (Arrêt Cardio-Respiratoire).
Le temps du transport sur les lieux, je lui demande d’avertir notre régulation (entreprise) et de me préparer le matériel dont je vais avoir besoin.
Je travaille dans une entreprise familiale où le secours à personne est pris très à cœur et donc c’est dans cette optique que toutes les ambulances sont équipées pour faire du secours.
Les ambulances Volpe. Une famille d’ambulanciers et pompiers volontaire de père en fils depuis 1975.
Après la validation de la mission « Bon Samaritain », je reçois un appel.
Le CODIS 04 se présente et m’explique leur besoin. Je dis que je suis déjà en route, que j’arrive sur zone dans 10 secondes et que je suis en ambulance avec le matériel nécessaire.
Il me donne le complément d’adresse du domicile de la victime et son identité.
Je récupère le DSA (Défibrillateur Semi-Automatique) de mon ambulance et cours dans la rue en écartant les passant sur mon chemin.
En arrivant devant la porte de l’immeuble de 3 étages, j’entends les 2 tons des sapeurs-pompiers.
Les terrasses des cafés sont pleines, la joie de profiter de l’été dans le sud de la France.
Ils ne s’attendent pas à voir arriver en force les secours ni le drame qui se déroule dans l’immeuble juste à côté d’eux.
J’entre dans l’immeuble et bloque la porte d’entrée pour la suite des secours et cri haut et fort « CE SONT LES SECOURS OU ÊTES VOUS ?»
Me voilà parti jusqu’au 3e étage en courant. J’entre dans l’appartement et trouve le témoin en pleurs et paniqué. Je récupère son téléphone, car elle était encore en ligne avec le CODIS04 et lui demande de rejoindre les escaliers pour guider les pompiers.
J’effectue un dégagement pour installer la personne en arrêt au milieu de la pièce, car sa position ne permet pas d’effectuer des soins de réanimation.
Je sens que le corps de la personne est déjà froid et que cela s’annonce mal.
J’informe le CODIS04 et commence les gestes de réanimations que j’ai appris lors de ma formation.
Quelques secondes plus tard, les pompiers arrivent. Nous nous connaissons, car nous travaillons souvent ensemble. J’explique les gestes que j’ai effectués tout en continuant le massage cardiaque.
Tout le monde sait ce qu’il a à faire. Chaque secouriste à une tâche à effectuer :
Oxygène au BAVU, pose du DSA, massage en attendant le SMUR04.
Tout le monde est précis et calme. Le médecin et l’infirmière du SMUR04 Sisteron arrivent. Nous leur donnons le bilan et gestes effectués, analyse du DSA et s’il y a eu un choc du DSA et si oui combien ?
Les minutes défilent, nous savons que le temps est important lors d’un arrêt cardiaque, mais pour cette personne, il était déjà trop tard. Après plusieurs dizaines de minutes de réanimation, le médecin nous confirme le décès de la personne.
Même s’il était trop tard, nous avons une sensation de déception de ne pas avoir pu faire repartir le cœur de la personne.
Cela a duré 15 à 20 minutes voire plus. Dans des moments comme ça, le temps défile à grande vitesse sans que vous ne vous en rendiez compte.
Avec l’accord des pompiers et du médecin, je redescends vers mon ambulance transpirant après cet effort et la chaleur de l’été pour continuer ma mission première, reconduire un patient à son domicile.
À la fin de ma journée, je discute avec mon employeur de l’intervention et nous avons eu une idée qui pourrait être mise en place avec l’application Staying Alive. Les sociétés d’ambulances ont toutes leurs véhicules géolocalisés en temps réel. Si l’on pouvait mettre en relation les véhicules sanitaires et les CODIS, nous pourrions couvrir une plus grande partie du territoire avec les moyens matériels et du personnel qualifié pour un arrêt cardiaque.
Que l’on ait un diplôme ou non de secouriste, nous pouvons apporter notre aide à une personne. Une aide vitale qui ne vous coûte rien hormis quelques minutes. Un massage cardiaque n’est pas difficile à apprendre et à effectuer.
Avec cette formation et l’application de Staying Alive, vous pouvez sauver vos proches et ou une personne inconnue, un être cher aux yeux d’une autre personne.
J’en tire de cette expérience une fierté, même si l’histoire ne s’est pas finie avec le bip du cœur battant sur le scope, c’est un moment très intense à vivre. Un travail en commun ambulanciers, Sapeurs-Pompiers de Sisteron, SMUR04 Sisteron. »